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vaincu que les divinités d’autrefois, que la justice et la fatalité n’interviennent plus aux actions des hommes et ne dirigent plus la marche de ce monde, il n’a pas besoin de donner un nom aux forces incomprises qui s’y mêlent toujours et dominent toute chose. Que ce soit Dieu ou l’Univers qui lui paraisse immense et terrible, il importe assez peu. Nous lui demandons principalement qu’il fasse passer en nous l’impression immense ou terrible qu’il a ressentie. Mais le poète dramatique ne peut se borner à ces généralités. Il est obligé de faire descendre dans la vie réelle, dans la vie de tous les jours, l’idée qu’il se fait de l’inconnu. Il faut qu’il nous montre de quelle façon, sous quelle forme, dans quelles conditions, d’après quelles lois, à quelle fin, agissent sur nos destinées, les puissances supérieures, les influences inintelligibles, les principes infinis, dont, en tant que poète, il est persuadé que l’univers est plein. Et comme il est arrivé à une heure où loyalement il lui est à peu près impossible d’admettre les anciennes, et où celles qui les