Page:Maurice Maeterlinck - L'intelligence des fleurs, 1922.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63
L’INTELLIGENCE DES FLEURS

Artisan inconscient d’une œuvre difficile, il visite une fleur voisine. Si ses cornes demeuraient rigides, elles iraient simplement frapper de leurs paquets de pollen les paquets de pollen dont les pieds trempent dans la vasque vigilante, et du pollen qui se mêlerait au pollen ne naîtrait aucun événement. Ici éclate le génie, l’expérience et la prévoyance de l’Orchidée. Elle a minutieusement calculé le temps nécessaire à l’insecte pour pomper le nectar et se rendre à la fleur prochaine et elle a constaté qu’il lui fallait en moyenne trente secondes. Nous avons vu que les paquets de pollen sont portés sur deux courtes tiges qui s’insèrent dans les boulettes visqueuses ; or, aux points d’insertion se trouvent, sous chaque tige, un petit disque membraneux dont la seule fonction est, au bout de trente secondes, de contracter et de replier chacune de ces tiges, de manière qu’elles s’inclinent en décrivant un arc de 90°. C’est le résultat d’un nouveau calcul, non plus dans le temps, cette fois,