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L’INTELLIGENCE DES FLEURS

merveilles. J’écarte pour l’instant les fleurs carnivores, Droséras, Népenthès, Sarracéniées, etc. qui touchent au règne animal et demanderaient une étude spéciale et développée, pour ne m’attacher qu’à la fleur vraiment fleur, à la fleur proprement dite, que l’on croit insensible et inanimée.

Afin de séparer les faits des théories, parlons d’elle comme si elle avait prévu et conçu à la manière des hommes, ce qu’elle a réalisé. Nous verrons plus loin ce qu’il faut lui laisser, ce qu’il convient de lui reprendre. En ce moment, la voilà seule en scène, comme une princesse magnifique douée de raison et de volonté. Il est indéniable qu’elle en paraît pourvue ; et pour l’en dépouiller, il faut avoir recours à de bien obscures hypothèses. Elle est donc là, immobile sur sa tige, abritant dans un tabernacle éclatant les organes reproducteurs de la plante. Il semble qu’elle n’ait qu’à laisser s’accomplir, au fond de ce tabernacle d’amour, l’union mystérieuse des éta-