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L’IMMORTALITÉ

pour faire pleine mesure, à toutes celles qui ressortissent à l’instinct, à l’inconscient, au subconscient ? Or, lorsqu’aux approches de la vieillesse, nous voyons s’affaiblir, soit en nous, soit dans les autres, ces mêmes facultés, nous ne nous inquiétons, nous ne nous désespérons pas plus que nous ne nous inquiétons ou désespérons quand il s’agit de la lente décadence des forces corporelles. Nous gardons intact notre espoir confus de survie. Il nous semble tout naturel que l’état des unes dépende de l’état des autres. Lors même que les premières sont complètement abolies dans un être que nous aimons, nous ne croyons pas l’avoir perdu, ni qu’il ait, lui, perdu son moi, sa personnalité morale, dont cependant rien ne subsiste. Nous ne pleurerions pas sa perte, nous ne croirions pas qu’il n’est plus, si la mort conservait ces facultés dans leur état d’anéantissement. Mais si nous n’attachons pas une importance capitale à la dissolution de notre corps dans la tombe, ni à la dissolution de nos facultés