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L’ACCIDENT

fond le seul maître de la demeure humaine. D’un coup d’œil plus sûr, plus rapide que l’élan formidable du péril, il juge la situation, en démêle d’emblée tous les détails, toutes les issues, toutes les possibilités, et c’est, en un clin d’œil, un magnifique, un inoubliable, spectacle de force, de courage, de précision, de volonté, où la Vie invaincue saute au visage de la Mort invincible.

Au sens le plus strict, le plus minutieux du mot, le champion de l’existence, surgi comme le sauvage velu des légendes au secours de la princesse désespérée, opère des miracles. Avant tout, il a dans l’urgence une prérogative incomparable : il ignore la délibération, tous les obstacles qu’elle soulève, toutes les impossibilités qu’elle impose. Il n’accepte jamais le désastre, pas un instant n’admet l’inévitable, et sur le point d’être