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ÉLOGE DE LA BOXE

imposer, par un masque fier et irritable, aux hommes souvent grossiers, injustes et malveillants qui nous entourent. Plus nous nous sentons désarmés en face de l’offense, plus nous tourmente le désir de témoigner aux autres et de nous persuader à nous-mêmes que nul ne nous offense impunément. Le courage est d’autant plus chatouilleux, d’autant plus intraitable que l’instinct effrayé, tapi au fond du corps qui recevra les coups, se demande avec plus d’anxiété comment finira l’algarade. Que fera-t-il, ce pauvre instinct prudent, si la crise tourne mal ? C’est sur lui que l’on compte, à l’heure du péril. À lui sont dévolus le souci de l’attaque, le soin de la défense. Mais on l’a si souvent, dans la vie quotidienne, éloigné des affaires et du conseil suprême, qu’à l’appel de son nom il sort de sa retraite comme un captif vieilli qu’éblouirait soudain la lumière du jour. Quel parti prendra-t-il ? Où faudra-t-il frapper, aux yeux, au ventre, au nez, aux tempes, à la gorge ? Et quelle