Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

passé où j’ai été si heureuse. C’est ainsi que j’ai pris, à l’endroit où grand-père aimait à travailler, la carte topographique que j’avais établie avec lui, et que voilà. Et c’est ainsi qu’un hasard m’a montré… »

Elle regarda de nouveau Raoul, et, se sentant soutenue, acheva :

«… qu’un hasard m’a montré la poudre d’or.

— Comment ! fit vivement Bertrande, tu as vu… et tu n’as rien dit ?…

— C’était le secret de grand-père. Je ne pouvais le révéler que sur son ordre. »

Elle les pria tous de la suivre jusqu’à l’étage supérieur, et ils pénétrèrent, entre les mansardes des domestiques, dans la haute pièce centrale dont les madriers supportaient la partie la plus élevée du toit. Tout de suite, elle désigna de vieux pots de grès, fendus, cassés, comme ces récipients hors d’usage que l’on relègue en un coin où ils ne gênent pas. De la poussière les revêtait et des toiles d’araignée les reliaient les uns aux autres. Personne n’avait eu et ne pouvait avoir eu l’idée de les tirer de leur retraite. Sur trois d’entre eux s’étendaient des morceaux de verre empilés et des débris d’assiettes.

Béchoux prit un escabeau branlant qu’il approcha, et il atteignit l’un des pots qu’il tendit à maître Bernard. Au premier coup d’œil, celui-ci reconnut, sous la poussière, la lueur brillante de l’or, et il murmura, en enfonçant ses doigts comme dans du sable.

« C’est de l’or… c’est de la poudre d’or pareille à l’échantillon d’autrefois, c’est-à-dire composée de grains assez gros. »

Une même quantité remplissait les autres récipients. Le poids annoncé par M. Montessieux devait être exact.

Béchoux conclut, stupéfait :