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séparera les deux propriétés incluses dans le domaine suivra une ligne droite qui partira du saule central des trois saules où Catherine aimait à se réfugier, et aboutira au dernier pilier ouest des quatre piliers où s’accrochent les grilles de l’entrée principale dans le parc. J’ai l’intention, d’ailleurs, de marquer cette limite soit par une haie de troènes soit par une palissade. Chacun chez soi. C’est une règle à laquelle je tiens formellement. »

Maître Bernard acheva très vite la lecture du testament, qui n’offrait plus, d’ailleurs, que des points d’un intérêt secondaire. Catherine et Raoul s’étaient regardés lorsqu’il avait été question des trois saules. Pour eux c’était là l’essentiel de ces quelques pages. Mais l’attention des autres avait été surtout attirée par la clause de la poudre d’or, et Béchoux prononça, d’un ton dogmatique :

« Il faudra livrer ce document aux experts et s’assurer qu’il n’y a aucun doute sur son authenticité. Mais une preuve qui aurait sa valeur immédiate, et, à mon sens, définitive, ce serait de trouver, dans ce manoir ou dans le parc, les quelques kilos d’or qui gageraient la somme de trente-cinq mille francs. »

Béchoux prit son air le plus sardonique pour énoncer ces dernières paroles. Mais Raoul d’Avenac dit à Catherine :

« Vous n’avez aucune déposition à faire à ce propos, mademoiselle ? »

On eût cru que Catherine attendait la demande de Raoul, et qu’elle ne voulait parler qu’approuvée et encouragée par lui, car, aussitôt, elle déclara :

« Oui, je puis apporter un témoignage personnel, et donner de la sincérité de mon grand-père la preuve palpable que réclame M. Béchoux. Depuis trois mois que nous sommes ici, j’ai fouillé partout pour faire renaître toutes les traces d’un