Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, j’ai trouvé du chocolat sur cette table.

— Parfait ! Mais il y a autre chose que du chocolat. Je vais vous servir, et nous causerons après, vous voulez bien ? Mais, en vérité, que vous avez l’air jeune… une enfant ! Comment ai-je pu vous prendre pour une dame ! »

Il riait et tâchait de la faire rire, tout en ouvrant une armoire d’où il tirait des biscuits et du vin sucré.

« Comment vous appelez-vous ? Car enfin il faut bien que je sache…

— Tout à l’heure… je vous dirai tout.

— Parfait. Du reste je n’ai pas besoin de connaître votre nom pour vous servir. Des confitures, peut-être ?… ou du miel ?… Oui, vos jolies lèvres doivent aimer le miel, et j’en ai d’excellent dans l’office. J’y cours… »

Il allait quitter l’appartement, lorsque la sonnerie du téléphone retentit.

« Bizarre, murmura-t-il. À cette heure… Vous permettez, mademoiselle ? »

Il décrocha et, changeant légèrement son intonation, prononça :

« Allô… allô… »

Une voix lointaine lui dit :

« C’est toi ?

— C’est moi… affirma-t-il.

— Quelle veine ! reprit la voix. Depuis le temps que je t’appelle !

— Toutes mes excuses, cher ami, j’étais au théâtre.

— Et te voilà revenu ?…

— J’en ai l’impression.

— Je suis bien content.

— Et moi donc ! dit Raoul. Mais pourrais-tu me donner un renseignement, mon vieux, un tout petit renseignement ?

— Dépêche-toi.