Page:Maurice Leblanc - La Barre-y-va.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Béchoux répondit nettement :

« Pour moi, non. Je crois au meurtre.

— Diable ! et pourquoi ?

— Parce que, au cours des recherches que nous avons effectuées, nous avons eu la preuve matérielle, visible, qu’il y avait, qu’il a peut-être encore, dans le parc, c’est-à-dire dans l’enclos qui borde les murs, un bandit qui rôde et qui tue.

— Vous l’avez vu ?

— Non, mais il a agi une seconde fois.

— Il a tué ?

— Oui, il a tué. Comme je te l’ai téléphoné hier, il a tué. Hier, sous le coup de trois heures, sous mes yeux, M. Guercin longeait la rivière et traversait le vieux pont vermoulu…

— Halte !

— Comment, halte ? Mais je commence.

— Arrête-toi.

— Absurde ! C’est tout le drame que je vais te raconter, et un drame sur lequel nous avons une certitude, des faits. Si tu refuses de connaître ces faits, comment veux-tu ?…

— Je ne refuse pas de les connaître, mais je refuse d’en entendre deux fois le récit. Or, comme tu les exposeras tout à l’heure à ces messieurs du Parquet, lesquels ne sauraient tarder à venir, il est tout à fait inutile que tu t’épuises à me dire ce que tu diras sur place et avec commentaires.

— Cependant…

— Non, mon vieux, il émane de toi, quand tu racontes une histoire, un ennui incommensurable. Laisse-moi respirer.

— Alors ?

— Alors fais-moi visiter le parc. Et surtout pas un mot durant cette visite. Tu as un grand tort, vois-tu, Béchoux, tu es trop bavard. Prends exemple sur ton vieil ami Lupin, toujours si discret, réservé dans ses propos, et qui ne jacasse pas