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— Ce sont les dates des grandes marées, triple imbécile. C’est l’équinoxe de printemps et l’équinoxe d’automne. Deux fois par an, le mascaret remonte la Seine avec plus de violence, matin et soir, et pendant plusieurs jours. Ajoute à cela qu’il y a des marées d’équinoxe plus fortes que les autres, que le vent peut accroître encore l’énormité de la barre, et tu comprendras qu’il faut, pour réussir, des circonstances particulières qui ne se présentent que rarement.

— Et quand elles se présentent, dit Béchoux, après avoir mûrement réfléchi, les parcelles d’or qui flottent dans la rivière ou qui gisent dans quelque trou sont mises en agitation et se déposent à tel endroit que l’on connaît. »

Raoul frappa la table du poing.

« Non, non, mille fois non. Ce n’est pas cela. Cela, c’est l’erreur commise par ceux qui ont connu le secret et qui en ont profité. La vérité est ailleurs.

— Explique-toi.

— Il n’existe réellement pas dans nos pays de rivière qui charrie de l’or. Il peut y avoir de l’or dans une rivière, mais non point naturellement. Ce n’est pas une qualité du sable qui roule au fond, ou des pierres qui tapissent le lit.

— En ce cas, d’où vient celui que nous y avons vu ?

— D’une main qui l’y a mis.

— Qu’est-ce que tu dis ? Tu es fou ! Une main, qui renouvellerait la provision chaque fois qu’une grande marée l’épuiserait ?

— Non, mais une main qui aurait placé là une telle provision qu’aucune série de grandes marées ne pourrait l’épuiser. Il n’y a pas gisement d’or produit par des forces physiques ou chimiques, mais gisement d’or entassé par les hommes. Nous ne sommes pas en face d’une fabrication, comme