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« Ne te réjouis pas trop, dit Raoul. Demain… ce soir… j’aurai tari la source précieuse, et tu devras te contenter du cadeau convenu. »

Ils se retirèrent chez eux pour changer leurs vêtements, qui étaient trempés. Le déjeuner les réunit. Raoul parla gaiement de toutes sortes de choses. Mais Béchoux, qui brûlait d’en savoir davantage, le pressa de questions.

« Ainsi les événements mettent en lumière un fait qui peut se résumer en ces quelques mots : la rivière est aurifère d’une façon constante, mais infinitésimale. Sous l’action de certains éléments et à certaines dates, elle roule des pépites plus grosses qui s’accumulent surtout aux environs de la tour. C’est bien ça, n’est-ce pas ?

— Pas du tout, mon vieux. Tu n’y as pas compris un fichu mot. Cela, c’est la croyance primitive des possesseurs de la Barre-y-va, croyance transmise à Montessieux ou redécouverte par lui. C’est la croyance de M. Arnold. Mais quand on a un esprit constructeur, ce qui n’est pas ton cas, on ne s’arrête pas à mi-chemin, et on va jusqu’aux limites extrêmes de la vérité. Or, moi, j’ai un esprit constructeur, et je suis le premier qui, dans cette affaire, ne se soit pas arrêté à mi-chemin. Faisons la route ensemble, veux-tu, Béchoux ? »

Raoul tira de sa poche une feuille de papier sur laquelle se trouvaient les chiffres alignés par M. Montessieux et il les lut à haute voix :

« 3141516913141531011129121314

« Si l’on examine attentivement ce document, on s’aperçoit — M. Guercin et Arnold ont mis des mois et des mois à s’en apercevoir — on s’aperçoit que le chiffre “un” revient une fois sur deux, et que l’on peut former ainsi quatre séries de nombres de deux chiffres qui vont en croissant, et qui sont séparés deux fois par un 3, et deux fois par un 9.