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coups de tonnerre. Quand la bourrasque aura passé, avec la grande vague du flot montant, la pluie diminuera peut-être. »

Ils franchirent le pont, et, tournant à droite, dans l’île, arrivèrent au pigeonnier. De son propre chef, Raoul avait fait faire, un mois auparavant, une clef qui ne le quittait pas.

Il ouvrit. À l’intérieur, les fils électriques, rétablis par lui, fonctionnaient. Il alluma.

Un cadenas solide tenait clos le battant de la trappe. Il en gardait aussi la clef.

Le sous-sol était illuminé. Lorsque les deux sœurs et Béchoux furent descendus, ils aperçurent un escabeau, et Raoul leur fit remarquer, sur le mur opposé à l’échelle, un tamis de fil de fer, à mailles aussi rapprochées qu’un canevas de tapisserie, et qui couvrait à peu près toute la longueur du mur sur une hauteur de quarante centimètres, au maximum. Un cadre de fer l’entourait.

« L’idée de M. Arnold, dit-il, n’était pas mauvaise. Avec deux draps cousus l’un à l’autre et formant poche, il barrait la rivière. Mais les draps, flottant, n’arrivaient pas au fond, ce qui est l’essentiel. Cet inconvénient n’arrive pas avec le cadre construit par M. Montessieux. »

Il monta sur l’escabeau. Dans la partie supérieure de la cave, située à un mètre au-dessus du niveau de l’eau, il y avait une meurtrière allongée, fermée par une vitre poussiéreuse. Il ouvrit. Le vent, la fraîcheur du dehors, le clapotement de l’eau, entrèrent d’un coup. Avec l’aide de Béchoux, il fit glisser le cadre par cette meurtrière, en introduisant les montants dans deux pieux fichés de chaque côté de l’Aurelle et creusés de coulisses, et le laissa tomber.

« Bien, dit-il, comme cela c’est le fond même qui est barré, ainsi que par un filet de pêche qui capture des poissons. Notez d’ailleurs que, si le tamis