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l’agression suprême où il risque le tout pour le tout. Après m’avoir attiré vers les ruines de la serre, il m’y ensevelit. Puis il prend mon auto (car il sait conduire, ce qu’il vous avait caché), file sur Paris et vous envoie, signé de mon nom, un télégramme qui vous prie, toutes les deux, de me rejoindre. Si vous ne vous étiez pas défiées, il restait seul au manoir, comme il le voulait. Dépité, furieux, constatant que je réussis à creuser une galerie par où m’échapper, il fait tomber sur moi tous les décombres. Sans Charlotte, j’étais perdu. »

De nouveau Béchoux se redressa :

« Tu vois bien !… Sans Charlotte, c’est toi-même qui le dis. Donc Charlotte n’est pour rien dans l’affaire.

— Elle est sa complice, de la première heure à la dernière.

— Non, puisqu’elle t’a sauvé.

— Un remords ! Jusqu’ici elle acceptait tout d’Arnold, l’approuvait et collaborait à tous ses actes. Au suprême moment, elle n’a pas voulu du crime qui s’accomplissait, ou plutôt elle n’a pas voulu qu’Arnold fût un criminel.

— Mais pourquoi ? que lui importait ?

— Tu veux le savoir ?

— Oui.

— Tu veux savoir pourquoi elle n’a pas voulu qu’Arnold fût un criminel ?

— Oui.

— Parce qu’elle l’aime.

— Hein ? Que dis-tu ? Qu’est-ce que tu oses dire ?

— Je dis que Charlotte est la maîtresse d’Arnold. »

Béchoux leva les poings et hurla :

« Tu mens ! tu mens ! tu mens ! »