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Sur son ordre, Béchoux tenait un revolver au poing, et Raoul dit à celui des adversaires qui était le plus proche :

« Pas de sale coup, hein, camarade ! À la moindre tentative, le brigadier t’achève comme une bête puante. Du reste, à quoi cela te servirait-il de rouspéter ? »

Il s’agenouilla, lança un jet de lumière et ricana :

« Je me doutais bien que c’était toi, monsieur Arnold. Mais tu manœuvrais si habilement que mes soupçons se dissipaient toujours et que ma conviction ne date que de ce matin. Et alors, qu’est-ce que tu faisais là mon vieux ? Tu pêchais de la poudre d’or dans la rivière ? Tu vas t’expliquer là-dessus, hein ? Béchoux, fixe-moi ce client sur le brancard. Deux courroies aux poignets, ça suffira. Et puis, de la douceur, n’est-ce pas ? Il a du plomb dans l’aile, ou plutôt dans les fesses. »

Ils le portèrent avec précaution dans le salon principal où les deux jeunes femmes avaient allumé les lampes, et Raoul leur dit :

« Voilà le colis numéro un, M. Arnold. Mon Dieu, oui… le domestique, le fidèle domestique du grand-père Montessieux, son homme de confiance. Vous ne vous attendiez pas à celle-là, hein ? Au numéro deux, maintenant. »

Dix minutes plus tard, Raoul et Béchoux cueillaient le complice qui avait réussi à se traîner jusqu’au pigeonnier et dont la voix larmoyante bégayait :

« C’est moi… oui, c’est moi… Charlotte… Mais, je n’y suis pour rien… je n’ai rien fait.

— Charlotte, s’écria Raoul, en pouffant de rire. Comment, c’est la jolie cuisinière, en salopette et en pantalon de toile ! Dis donc, Béchoux, mes félicitations… Elle est charmante ainsi, ta bien-aimée ! Mais tout de même, Charlotte, la complice