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Mes recherches de cette nuit et celles de ce matin ne me laissent aucun doute à ce propos. D’ailleurs, pour préparer la chute d’un tel bloc, il faut du temps. Or, personne ne pouvait se douter que vous feriez cette promenade nocturne, qui fut, vous le savez, décidée au dernier moment.

— Non, mais on savait bien que vous la faisiez, vous, depuis plusieurs nuits. Ce n’est plus nous qu’on attaque, mais vous, Raoul.

— Ne vous tourmentez pas pour moi, dit Raoul en riant.

— Mais si ! mais si ! Vous n’avez pas le droit de vous exposer, et nous ne le voulons pas. »

Elles s’effaraient toutes les deux, et l’une ou l’autre, tandis qu’il se promenait dans le jardin, lui tenait le bras et le suppliait.

« Allons-nous-en ! Je vous assure que nous n’avons plus aucun plaisir à rester. Nous avons peur. Il n’y a que des pièges autour de nous… Allons-nous-en. Pour quelle raison ne voulez-vous pas partir ? »

En fin de compte, il répondit :

« Pourquoi ? Parce que l’aventure est sur le point de se dénouer, que la date est irrévocablement fixée, et qu’il faut que vous sachiez comment mourut M. Guercin, et d’où provient l’or de votre grand-père. N’est-ce pas votre désir ?

— Certes, fit Bertrande. Mais ce n’est pas seulement ici que vous pouvez le savoir.

— Seulement ici, et aux dates fixées qui sont ou le 12, ou le 13, ou le 14 septembre.

— Fixées par qui ? Par vous ?… ou par l’autre ?

— Ni par moi ni par lui.

— Alors ?

— Par le destin, et le destin lui-même ne peut les changer.

— Mais si votre conviction est telle, comment se fait-il que le problème reste obscur pour vous ?