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— Messieurs, nous sommes beaucoup trop dans cette chambre ; veuillez nous laisser seuls, M. Saval et moi, avec la marquise.

Il parlait d’un ton sec et plein d’autorité. Les autres s’en allèrent aussitôt.

Mme  Obardi avait saisi son amant à pleins bras, et, la tête levée vers lui, elle lui criait :

— Sauvez-la… Oh ! sauvez-la !…

Mais Servigny, s’étant retourné, vit une lettre sur la table. Il la saisit d’un mouvement rapide et lut l’adresse. Il comprit et pensa : « Peut-être ne faut-il pas que la marquise ait connaissance de cela. » Et, déchirant l’enveloppe, il parcourut d’un regard les deux lignes qu’elle contenait :


« Je meurs pour ne pas devenir une fille entretenue.

« Yvette

« Adieu, ma chère maman. Pardon. »


— Diable, pensa-t-il, ça demande réflexion.

Et il cacha la lettre dans sa poche.

Puis il se rapprocha du lit, et aussitôt la pensée lui vint que la jeune fille avait repris connaissance, mais qu’elle n’osait pas le montrer par