Page:Maupassant - Yvette.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de rien voir au-dessous d’elle, et elle se trouvait assise au bord d’un étang, une ligne à la main ; elle pêchait.

Quelque chose tirait sur le fil qu’elle sortait de l’eau, en amenant un magnifique collier de perles, dont elle avait eu envie quelque temps auparavant. Elle ne s’étonnait nullement de cette trouvaille, et elle regardait Servigny, venu à côté d’elle sans qu’elle sût comment, pêchant aussi et faisant sortir de la rivière un cheval de bois.

Puis elle eut de nouveau la sensation qu’elle se réveillait et elle entendit qu’on l’appelait en bas.

Sa mère avait dit :

— Éteins donc la bougie.

Puis la voix de Servigny s’éleva claire et comique :

— Éteignez donc vot’bougie, mam’zelle Yvette.

Et tous reprirent en chœur :

— Mam’zelle Yvette, éteignez donc votre bougie.

Elle versa de nouveau du chloroforme dans le coton, mais, comme elle ne voulait pas mourir, elle le tint assez loin de son visage pour respirer de l’air frais, tout en répandant en sa chambre l’odeur asphyxiante du narcotique, car elle com-