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La jeune fille faisait « non » de la tête, sans pouvoir parler ; enfin, elle prononça d’une voix lente, pleine de sanglots :

— Non, maman, tu sais ce que je t’ai dit, je ne changerai pas d’avis. Je ne sortirai pas de ma chambre avant qu’ils soient partis. Je ne veux plus voir personne de ces gens-là, jamais, jamais. S’ils reviennent, je… je… tu ne me reverras plus.

La marquise avait essuyé ses yeux, et, fatiguée d’émotion, elle murmura :

— Voyons, réfléchis, sois raisonnable.

Puis, après une minute de silence :

— Oui, il vaut mieux que tu te reposes ce matin. Je viendrai te voir dans l’après-midi.

Et ayant embrassé sa fille sur le front, elle sortit pour s’habiller, calmée déjà.

Yvette, dès que sa mère eut disparu, se leva, et courut pousser le verrou pour être seule, bien seule, puis elle se mit à réfléchir.

La femme de chambre frappa vers onze heures et demanda à travers la porte :

— Madame la marquise fait demander si Mademoiselle n’a besoin de rien, et ce qu’elle veut pour son déjeuner ?

Yvette répondit :