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dain, la lumière s’éteignit. Mme  Obardi poussa un grand soupir :

— Ma fille est couchée, dit-elle.

Servigny se leva :

— Je vais en faire autant, marquise, si vous le permettez.

Il baisa la main qu’elle lui tendait et disparut à son tour.

Et elle demeura seule avec Saval, dans la nuit.

Aussitôt elle fut dans ses bras, l’enlaçant, l’étreignant. Puis, bien qu’il tentât de l’en empêcher, elle s’agenouilla devant lui en murmurant : « Je veux te regarder à la lueur des éclairs. »

Mais Yvette, sa bougie soufflée, était revenue sur son balcon, nu-pieds, glissant comme une ombre, et elle écoutait, rongée par un soupçon douloureux et confus.

Elle ne pouvait voir, se trouvant au-dessus d’eux, sur le toit même de la terrasse.

Elle n’entendait rien qu’un murmure de voix ; et son cœur battait si fort qu’il emplissait de bruit ses oreilles. Une fenêtre se ferma sur sa tête. Donc, Servigny venait de remonter. Sa mère était seule avec l’autre.

Un second éclair, fendant le ciel en deux, fit