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Yvette allait d’un air sage et réfléchi, regardant le sable de l’allée, paraissant à peine écouter ce que disait son compagnon et n’y répondant guère.

Tout à coup, elle demanda :

— Êtes-vous vraiment mon ami, Muscade ?

— Parbleu, mam’zelle.

— Mais là, vraiment, vraiment, bien vraiment de vraiment.

— Tout entier votre ami, mam’zelle, corps et âme.

— Jusqu’à ne pas mentir une fois, une fois seulement ?

— Même deux fois, s’il le faut.

— Jusqu’à me dire toute la vérité, la sale vérité tout entière ?

— Oui, mam’zelle.

— Eh bien, qu’est-ce que vous pensez, au fond, tout au fond, du prince Kravalow ?

— Ah ! diable !

— Vous voyez bien que vous vous préparez déjà à mentir.

— Non pas, mais je cherche mes mots, des mots bien justes. Mon Dieu, le prince Kravalow est un Russe… un vrai Russe, qui parle russe, qui est né en Russie, qui a eu peut-être un pas-