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BERTHE. 2)9

ments d'horlogerie existants dans la maison occupèrent son attention d'une façon exclu- sive. Elle passait son temps à les regarder, à les écouter, à attendre les heures. Il arriva même une chose assez drôle. La sonnerie d'un joli cartel Louis XVI suspendu à la tête de son lit s'étant détraquée, elle s'en aperçut. Elle attendait depuis vingt minutes, l'œil sur l'aiguille, que le timbre annonçât dix heures. Mais, quand l'aiguille eut passé le chiffre, elle demeura stupéfaite de ne rien entendre, tel- lement stupéfaite qu'elle s'assit, remuée sans doute par une de ces émotions violentes qui nous secouent en face des grandes cata- strophes. Et elle eut l'étrange patience de demeurer devant la petite mécanique jusqu'à onze heures, pour voir ce qui allait arriver. Elle n'entendit encore rien, naturellement; alors, saisie tout à coup soit de la colère folle de l'être trompé, déçu, soit de l'épouvante de l'être effaré devant un mystère redoutable, soit de l'impatience furieuse de l'être passionné qui rencontre un obstacle, elle saisit la pin- cette de la cheminée et frappa le cartel avec tant de force qu'elle le mit en pièces en une seconde.

Donc son cerveau fonctionnait, calculait,