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L'ABANDONNÉ. I 8 I

D'Apreval, que la même idée avait blessé, articula d'une voix troublée :

— C'est bien M. Bénédict?

La fermière, méfiante, demanda :

— Que qui vous a dit son nom? Il reprit :

— C'est le forgeron au coin de la grand'- route.

Puis tous se turent, ayant les yeux fixés sur la porte de l'étable. Elle faisait une sorte de trou noir dans le mur du bâtiment. On ne voyait rien dedans, mais on entendait des bruits vagues, des mouvements, des pas amortis par la paille semée à terre.

II reparut sur le seuil, s'essuyant le front, et il revint vers la maison d'un grand pas lent qui le soulevait à chaque enjambée.

II passa encore devant ces étrangers sans paraître les remarquer, et il dit à sa femme :

— Va me tirer une cruche d'cidre, j'ai sef. Puis il entra dans sa demeure. La fermière

s'en alla vers le cellier, laissant seuls les Pari- siens.

Et M""" de Cadour, éperdue, bégaya :

— Allons-nous-en, Henry, allons-nous-en. D'Apreval lui prit le bras, la souleva, et la

soutenant de toute sa force, car il sentait bien