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L'ABANDONNÉ. 179

Puis l'entant sortit, portant deux chaises qu'elle posa sous un pommier; et la mère s'en vint à son tour avec deux bols de lait mous- seux qu'elle mit aux mains des visiteurs.

Puis elle demeura debout devant eux comme pour les surveiller et deviner leurs desseins.

— Vous êtes de Fécamp? dit-elle. M. d'Apreval répondit :

Oui, nous sommes à Fécamp pour l'été. Puis, après un silence, il reprit :

— Est-ce que vous pourriez nous vendre des poulets toutes les semaines?

La paysanne hésita, puis répondit:

— Mais, tout de même. C'est-il des jeunes que vous voulez?

— Oui, des jeunes.

— Combien que vous payez ça, au mar- ché?

D'Apreval, qui l'ignorait, se tourna vers son amie :

— Combien donc payez-vous les volailles, ma chère, les jeunes volailles?

Elle balbutia, les yeux pleins de larmes :

— Quatre francs et quatre francs cin- quante.

La fermière la regarda de coin, étonnée, puis elle demanda :