Page:Maupassant - Yvette, OC, Conard, 1910.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
YVETTE.

Elle entendait sous sa fenêtre les voix joyeuses. Le chevalier faisait des plaisanteries lestes, des jeux de mots d’étranger, grossiers et maladroits.

Elle écoutait, désespérée. Servigny, un peu gris, imitait l’ouvrier pochard, appelait la marquise la patronne. Et, tout d’un coup, il dit à Saval :

— Hé ! patron !

Ce fut un rire général.

Alors, Yvette se décida. Elle prit d’abord une feuille de son papier à lettres et écrivit :


« Bougival, ce dimanche, neuf heures du soir.

« Je meurs pour ne point devenir une fille entretenue.

« Yvette. »

Puis en post-scriptum :

« Adieu, chère maman, pardon. »


Elle cacheta l’enveloppe, adressée à Mme  la marquise Obardi.

Puis elle roula sa chaise longue auprès de la fenêtre, attira une petite table à portée de sa main et plaça dessus la grande bouteille