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YVETTE.

Puis, levant les yeux vers le visage de son compagnon :

— Vous aussi, d’ailleurs.

M. de Belvigne salua. S’étant retournée, elle vit que le prince et le chevalier avaient disparu. Servigny, morne et ruisselant, ne jouait plus du clairon et marchait, d’un air triste, à côté des deux jeunes gens fatigués, qui ne jouaient plus du tambour.

Elle se mit à rire sèchement :

— Vous en avez assez, paraît-il. Voilà pourtant ce que vous appelez vous amuser, n’est-ce pas ? Vous êtes venus pour ça ; je vous en ai donné pour votre argent.

Puis elle marcha sans plus rien dire, et, tout d’un coup, Belvigne s’aperçut qu’elle pleurait. Effaré, il demanda :

— Qu’avez-vous ? Elle murmura :

— Laissez-moi, cela ne vous regarde pas.

Mais il insistait, comme un sot :

— Oh ! mademoiselle, voyons, qu’est-ce que vous avez ? Vous a-t-on fait de la peine ?

Elle répéta, avec impatience :

— Taisez-vous donc !

Puis, brusquement, ne résistant plus à la tristesse désespérée qui lui noyait le cœur,