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YVETTE.

Et Yvette attendit, sachant bien que sa mère allait venir.

La marquise entra, ayant sauté du lit aux premiers mots de la femme de chambre, car un doute lui était resté depuis ce cri : « Maman », entendu dans l’ombre.

— Qu’est-ce que tu as ? dit-elle.

Yvette la regarda, bégaya :

J’ai… j’ai…

Puis, saisie par une émotion subite et terrible, elle se mit à suffoquer.

La marquise, étonnée, demanda de nouveau :

— Qu’est-ce que tu as donc ?

Alors, oubliant tous ses projets et ses phrases préparées, la jeune fille cacha sa figure dans ses deux mains en balbutiant :

— Oh ! maman, oh ! maman !

Mme  Obardi demeura debout devant le lit, trop émue pour bien comprendre, mais devinant presque tout, avec cet instinct subtil d’où venait sa force.

Comme Yvette ne pouvait parler, étranglée par les larmes, sa mère, énervée à la fin et sentant approcher une explication redoutable, demanda brusquement :

— Voyons, me diras-tu ce qui te prend ?