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YVETTE.

sant, la pénétrant comme un bain. Elle ne remuait point, songeant seulement à ce qu’on faisait sur la terrasse.

Elle les entendit qui se levaient et qui montaient dans leurs chambres. Des portes se fermèrent à l’intérieur de la maison ; et la jeune fille, obéissant à un désir de savoir irrésistible, qui l’affolait et la torturait, se jeta dans l’escalier, ouvrit doucement la porte du dehors, et traversant le gazon sous la tombée furieuse de la pluie, courut se cacher dans un massif pour regarder les fenêtres.

Une seule était éclairée, celle de sa mère. Et, tout à coup, deux ombres apparurent dans le carré lumineux, deux ombres côte à côte. Puis, se rapprochant, elles n’en firent plus qu’une ; et un nouvel éclair projetant sur la façade un rapide et éblouissant jet de feu, elle les vit qui s’embrassaient, les bras serrés autour du cou.

Alors, éperdue, sans réfléchir, sans savoir ce qu’elle faisait, elle cria de toute sa force, d’une voix suraiguë : « Maman ! » comme on crie pour avertir les gens d’un danger de mort.

Son appel désespéré se perdit dans le clapotement de l’eau, mais le couple enlacé se