Page:Maupassant - Vieux pots, paru dans Gil Blas, 6 mars 1883.djvu/4

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ces vases hispano-mauresques dont la splendeur l’avait ravi pourraient être exposés devant le public qui passe par les rues sans que personne tournât la tête ; car il faut un flair de race pour saisir le charme de ces poteries qu’on dirait vernies avec du soleil.



Les faïences et les porcelaines ont une histoire comme les peuples. Elles ont même un Dieu que chanta Louis Bouilhet.


Il est en Chine un petit Dieu bizarre,
Dieu sans pagode et qu’on appelle Pu.
J’ai pris son nom dans un livre assez rare,
Qui le dit frais, souriant et trapu.

Il a son peuple au long des poteries,
Et règne en paix sur ces magots poupins,
Qui vont cueillant des pivoines fleuries
Aux buissons bleus des paysages peints.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Petit Dieu Pu, Dieu de la porcelaine
J’ai sur ma table, afin d’être joyeux
Lorsque décembre a neigé dans la plaine,
Un pot de Chine aux dessins merveilleux.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Foule à tes pieds et s’il te plaît écrase
Mes plats d’argile et mes grès rabougris,
Mais de tout choc garde aux flancs de mon vase
La glu d’émail où le soleil s’est pris.


La Chine est la patrie de la porce-