Page:Maupassant - Une lettre (extrait de Gil Blas, édition du 1885-06-12).djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

contraire sérieux et fort prosaïque, si je puis parler ainsi. Pour sortir de peine je ne vois qu’un seul moyen, ce moyen je le tente. N’est-ce pas très naturel et très sensé ?

Voici d’ailleurs ce dont il s’agit : malgré ma pauvreté je suis honnête et j’appartiens à une honnête famille. Je suis encore jeune (je viens d’avoir vingt-deux ans) eh bien, Monsieur, je vous l’avouerai franchement, je désirerais me marier, et cela le plus tôt possible.

Ce n’est pas que la vie de jeune fille me pèse, loin de là. Mais écoutez un peu mes raisons et vous verrez que je n’ai pas tout à fait tort de vouloir renoncer à ma liberté.

Notre famille se compose de · · · · · ·

— Ici, des détails fort tristes sur sa vie intime. La précision même de ces détails m’empêche de les transcrire, car s’ils tombaient sous les yeux des parents de ma correspondante ils suffiraient peut-être à la faire reconnaître d’eux. Tout ce qu’elle y dit d’ailleurs est fort lamentable et fort vraisemblable. Je continue à citer.

Si j’étais toute seule, je ne me plaindrais pas, je trouverais toujours à gagner ma vie, j’ai besoin de si peu pour moi personnellement, mais, je ne suis pas seule,