Page:Maupassant - Une femme, paru dans Gil Blas, 16 août 1882.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Si nous pouvions interroger les femmes qui ont aimé, qui ont souffert par l’amour, qui ont vu s’éloigner d’elles l’homme à qui elles s’étaient données, combien nous avoueraient qu’elles ont médité des vengeances aussi terribles que celles de Fenayrou contre Aubert ? Elles ne les ont point accomplies, direz-vous ? Mais pourquoi ? Parce que la femme n’est pas un être d’action. Supposez maintenant à son côté un homme, un mari outragé qui la terrasse, qui la domine, qui la pousse encore à cette vengeance rêvée. Alors elle ne reculera plus, et l’aidera jusqu’au bout, en demeurant en arrière à l’heure de l’exécution.



Tous les philosophes affirment que la faculté dominante de nos compagnes c’est l’assimilation. Presque toujours la femme d’un homme éminent semble supérieure. Dans tous les cas, elle s’imprègne de lui d’une étrange façon. Elle prend ses idées, ses théories, ses opinions. La femme n’a ni rang, ni caste, ni classe : elle sait devenir ce qu’il faut qu’elle soit selon le milieu où elle se trouve.