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et irréfragable qu’on ne fait volontiers et bien que ce qu’on n’est point forcé de faire ? Le mariage ne peut-il pas être classé dans la catégorie des travaux forcés ? Mais alors ?… Alors, je n’ai plus rien à ajouter, laissant chacun tirer les conclusions qu’il voudra.

Cependant je dirai encore quelques mots. La lune de miel passée, l’amour dans le mariage devient presque toujours impossible, n’est-ce pas ? En tout cas, il est rare, bien rare. Mais l’amour en dehors du mariage est un crime, suivant la loi. Alors il faut renoncer à l’amour, que la nature bien souvent conseille encore, ou bien commettre une faute que condamne la morale humaine. Que faire ? Désobéir à la nature ou à la loi ? Ne se point marier, direz-vous ?… C’est bon pour l’homme ; mais la femme, dans ce cas, se trouve en dehors des conventions sociales, est mise à l’index par la société.

Une seule solution reste encore. Celle que conseille l’infâme hypocrisie : sauver les apparences.

Cela ne me satisfait pas, et je voudrais avoir sur ce point l’avis d’une femme, d’une femme sincère et sans trop de préjugés.

Si j’osais, je demanderai l’opinion de Mlle Hubertine Auclert.

guy de maupassant