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Ce code a pour titre le « Code d’amour ». Il date du douzième siècle. Il fait donc partie par son âge de ce qu’on appelle la tradition. Il appartient à la sagesse des nations.

J’y cueille ceci :

Quelqu’un — un époux peut-être — ayant posé cette question : « L’amour peut-il exister entre gens mariés ? », voici le jugement que rendit la comtesse de Champagne :

« Nous disons et assurons par la teneur des présentes que l’amour ne peut étendre ses droits sur deux personnes mariées. En effet, les amants s’accordent tout mutuellement et gratuitement, sans être contraints par aucun motif de nécessité, tandis que les époux sont tenus par devoir de subir réciproquement leurs volontés et de ne se refuser rien les uns aux autres…

« Que ce jugement, que nous avons rendu avec une extrême prudence et d’après l’avis d’un grand nombre d’autres dames, soit pour vous d’une vérité constante et irréfragable.

« Ainsi jugé l’an 1174, le troisième jour des calendes de mai. Indiction VII. »

Et vraiment, la main sur le cœur, n’a-t-elle pas un peu raison cette femme ? N’est-il pas aussi d’une vérité constante