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musotte.

bien fait d’accepter, car elle se serait tuée plutôt que de devenir une… (s’arrêtant, respectueusement à sa tante) une courtisane ! Ça, j’en suis sûr !

Madame de Ronchard.

Et depuis, Jean ne l’a pas revue ?

Léon.

Pas une fois. Et voilà de cela huit mois à peu près. Comme il désirait avoir de ses nouvelles, il me chargea d’en prendre. Je ne la trouvai pas. Et je ne pus rien savoir d’elle, tant elle avait mis d’adresse à cette fuite généreuse et noble. (Changeant de ton.) Mais je ne sais pas pourquoi je vous répète tout ça… Vous le savez aussi bien que moi, je vous l’ai déjà dit vingt fois.

Madame de Ronchard.

C’est tellement invraisemblable que je ne le crois pas plus à la vingtième fois qu’à la première.

Léon.

C’est la vérité pourtant.

Madame de Ronchard.

Eh bien ! si c’est la vérité, tu as tort d’aider Jean à rompre cette liaison avec une femme si… admirable.

Léon.

Non, ma tante, j’ai fait mon devoir. Vous me traitez parfois d’écervelé et vous avez souvent raison. Mais vous savez aussi que je sais être sérieux quand il