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musotte.

tenez tant à l’opinion du monde ? (Se croisant les bras.) Seriez-vous pour l’union libre, ma tante ?

MADAME DE RONCHARD.

Quelle horreur !

Léon, sérieux.

Non ! la vérité, c’est qu’il est arrivé à Jean ce qui est arrivé à bien d’autres avant lui, d’ailleurs. Une fillette de dix-neuf ans, rencontrée, aimée… un collage… (se reprenant) des relations intimes s’établissant peu à peu et durant pendant une, deux, trois années ; la durée du bail au gré des locataires. Puis, à ce moment-là, rupture tantôt violente, tantôt douce, rarement à l’amiable. Et puis l’un à droite, l’autre à gauche… Enfin l’éternelle aventure banale à force d’être vraie. Mais ce qui distingue celle de Jean, c’est le caractère vraiment admirable de la femme.

MADAME DE RONCHARD.

Oh ! oh ! admirable ? Mademoiselle… (S’interrompant.) Au fait, comment l’appelez-vous, cette fille ? J’ai oublié, moi. Mlle Mus… Mus…

Léon.

Musotte, ma tante… La petite Musotte…

MADAME DE RONCHARD.

Musette ?… Peuh ! c’est bien vieux jeu, ça ! Le quartier Latin, la vie de bohème… (Avec mépris.) Musette !