Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
musotte.

Léon.

Ça lui aurait peut-être coûté plus cher, à lui, s’il avait été laid. (Interrompant Mme de Ronchard qui va s’emporter.) D’ailleurs, Jean n’est pas beau, il est bien. Il n’est pas fat, il est simple. Il a de plus un talent qui grandit tous les jours. Il sera certainement de l’Institut. Ça vous fera plaisir, ça, qu’il soit de l’Institut ? Ça vaudra bien votre ingénieur. Et puis, toutes les femmes le trouvent charmant, excepté vous.

Madame de Ronchard.

C’est justement ce que je lui reproche. Il est trop bien. Il a déjà fait le portrait d’un tas de femmes. Il continuera. Elles resteront des heures seules avec lui, dans son atelier… Et nous savons ce qui s’y passe, dans les ateliers !

Léon.

Vous y avez été, ma tante ?

Madame de Ronchard., offusquée.

Oh ! (Se reprenant.)Ah ! si une fois, chez Horace Vernet.

Léon.

Un peintre de batailles !

Madame de Ronchard.

Enfin, je dis que tous ces artistes-là, ce n’est pas fait pour entrer dans une famille de magistrats comme la nôtre. Ça y amène des catastrophes. Est-il possible d’être un bon mari dans des conditions pareilles, avec