Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Madame de Sallus, avec hauteur.

Je préfère les billets de banque.

M. de Sallus, ouvrant son portefeuille.

Je n’en ai que trois. Je vais compléter avec un chèque.

Il le signe, puis tend le tout à sa femme.
Madame de Sallus, prend, regarde son mari avec dédain, puis d’une voix dure.

Vous êtes bien l’homme que je pensais. Après avoir payé des filles vous consentez à me payer comme elles, tout de suite, sans révolte. Vous avez trouvé que c’était cher, vous avez craint d’être grotesque. Mais vous ne vous êtes pas aperçu que je me vendais, moi, votre femme. Vous me désiriez un peu pour vous changer de vos gueuses, alors je me suis avilie à devenir semblable à elles ; vous ne m’avez pas repoussée, mais désirée davantage, autant qu’elles, même plus puisque j’étais plus méprisable.

Vous vous êtes trompé, mon cher, ce n’est pas ainsi que vous auriez pu me conquérir. Adieu !

Elle lui jette son argent au visage et sort.