Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cercle, — les pires des beaux. Ceux-là, au fond, n’ont jamais d’affection durable que pour les filles qui sont les vraies femelles des clubmen. Ils ont des habitudes de caquetages polissons et de caresses dépravées. Il leur faut du nu et de l’obscène — paroles et corps — pour les attirer et les retenir… — À moins que,… à moins que les hommes, vraiment, soient incapables d’aimer longtemps la même femme. Enfin, je sentis bientôt que je lui devenais indifférente, qu’il m’embrassait… avec négligence, qu’il me regardait… sans attention, qu’il ne se gênait plus devant moi… pour moi, dans ses manières, dans ses gestes, dans ses discours. Il se jetait au fond des fauteuils avec brusquerie, lisait le journal aussitôt rentré, haussait les épaules et criait : « Je m’en fiche un peu », quand il n’était pas content. Un jour enfin, il bâilla en étirant ses bras. Ce jour-là je compris qu’il ne m’aimait plus ; j’eus un gros chagrin, mais je souffris tant que je ne sus pas être coquette comme il le fallait et le reprendre. J’appris bientôt qu’il avait une maîtresse, une femme du monde, d’ailleurs. Alors nous avons vécu comme deux voisins, après une explication orageuse.

Jacques de Randol.

Comment ? Une explication ?

Madame de Sallus.

Oui.

Jacques de Randol.

À propos de… sa maîtresse.