Page:Maupassant - Théâtre, OC, Conard, 1910.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée

désespérée. (Sur un mouvement de Gilberte.) Je ne cherche pas à vous attendrir, à vous émouvoir, je vous dis la vérité toute simple. Je sens, et j’ai senti durant toute cette nuit, à travers les secousses et les émotions affreuses du drame subi et traversé, que vous en étiez pour moi la grande blessure. Si vous me repoussez, je suis un homme perdu.


GILBERTE, émue.

M’aimez-vous vraiment tant que cela ?


JEAN.

D’un amour que je sens inguérissable.


GILBERTE.

Mais vous l’avez aimée, elle ?


JEAN.

J’ai été épris. J’ai éprouvé un tendre attachement pour un être gentil, dévoué... (A mi-voix, avec passion.) Tenez... ce que je vais vous avouer est indigne, infâme peut-être... mais je ne suis qu’un être humain, faible comme les autres... Eh bien ! tout à l’heure, auprès de cette pauvre fille, mes yeux pleuraient, les sanglots m’étouffaient ! tout mon être vibrait douloureusement ; mais là, dans mon âme, au plus profond de mon âme, je ne pensais qu’à vous !...


GILBERTE, se levant vivement.

Vrai ?


JEAN, simplement.

Je ne sais pas mentir.


GIL