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LÉON.

Ton oncle et moi nous avons dit tout ce que nous avions à dire. Parle.


JEAN.

Ah ! moi, je ne saurais... C’est à ma femme seule... Devant tous, je n’oserais pas... Je lui demande un instant ; après, je pars et je quitte cette maison si son attitude me l’indique. Je ferai ce qu’elle voudra, je deviendrai ce qu’elle ordonnera ; mais je veux entendre de sa bouche sa décision sur ma vie. (A Gilberte.) Vous ne pouvez pas me refuser cela, madame. C’est la seule prière que je vous adresserai jamais, je vous le jure, si ma supplication vers vous demeure inexaucée.


(Ils sont debout face à face et se regardent.)


GILBERTE.

Non, je ne peux pas refuser, en effet. Mon père, ma tante, voulez-vous me laisser seule quelques minutes avec... M. Martinel ? Vous voyez que je suis très calme...


PETITPRÉ.

Cependant...


JEAN, vivement, à M. de Petitpré.

Monsieur, je ne contredirai en rien votre volonté. Je ne ferai rien sans votre approbation. Je ne suis pas revenu ici pour braver votre autorité ni pour parler d’un droit. Je vous demande respectueusement la permission de rester seul quelques minutes avec... ma femme. Pensez que c’est là peut-être notre dernière entrevue et que notre avenir à tous deux en dépend.