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musotte

rais comme tu parles, si tu étais aussi malade que tu le crois ?

musotte.

Tu ne vois donc pas que la fièvre me brûle, que je perds la tête, que je ne sais plus ce que je dis ?…

jean.

Mais non, mais non… calme-toi.

musotte.

Câline-moi, tu me calmeras.

jean, lui baise les cheveux, puis reprend.

Là… comme ça… ne me parle plus pendant quelques moments. Restons ainsi, l’un près de l’autre.

musotte.

Mais il faut que je te parle. J’ai tant de choses à te dire encore. Et je ne sais plus, ma tête m’échappe… Oh ! mon Dieu ! je ne sais plus ! (Elle se soulève, regarde autour d’elle et aperçoit le berceau.) Ah ! oui ! Je sais. Je me rappelle… C’est lui, mon enfant. Dis-moi, qu’est-ce que tu feras de lui ? Tu sais que je suis orpheline. Il va rester tout seul, tout seul au monde, ce petit. Écoute, Jean, j’ai toute ma tête revenue. Je comprendrai très bien ce que tu vas me répondre, et le calme de mes derniers moments en dépendra… Je n’ai personne à qui le laisser… que toi.

jean.

Je te jure de le prendre, de le recueillir, de l’élever.