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être, et si blanche qu’elle avait l’air d’avoir été repeinte le matin même.


Mon matelot ramait nonchalamment, en méridional tranquille ; et comme le soleil qui flambait au milieu du ciel bleu me fatiguait les yeux, je regardai l’eau, l’eau bleue, profonde, dont les avirons blessaient le repos.

Pol me dit : « Il neige toujours à Paris. Il gèle toutes les nuits à six degrés. » J’aspirai l’air tiède en gonflant ma poitrine, l’air immobile, endormi sur la mer, l’air bleu. Et je relevai les yeux.

Et je vis derrière la montagne verte, et au-dessus, là-bas, l’immense montagne blanche qui apparaissait. On ne la découvrait point tout à l’heure. Maintenant, elle commençait à montrer sa grande muraille de neige, sa haute muraille luisante, enfermant d’une légère ceinture de sommets glacés, de sommets blancs, aigus comme des pyramides, le long rivage, le doux rivage chaud, où poussent les palmiers, où fleurissent les anémones.

Je dis à Pol : « La voici, la neige ; regardez. » Et je lui montrai les Alpes.

La vaste chaîne blanche se déroulait à perte