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Mais il a conquis pour l’éternité le cœur français, le cœur des bourgeois et le cœur du peuple par le plus beau mot qu’ait jamais prononcé un prince, un mot de génie, plein de profondeur, de bonhomie, de malice et de sens.

« Si Dieu m’accorde vie, je veux qu’il n’y ait si pauvre paysan en mon royaume qui ne puisse mettre la poule au pot le dimanche. »

C’est avec ces paroles-là qu’on prend, qu’on gouverne, qu’on domine les foules enthousiastes et niaises. Par deux paroles, Henri IV a dessiné sa physionomie pour la postérité. On ne peut prononcer son nom sans avoir aussitôt une vision de panache blanc, et une saveur de poule au pot.

Louis XIII ne fit pas de mots. Ce triste roi eut un triste règne.

Louis XIV donna la formule du pouvoir personnel absolu. « L’État, c’est moi. »

Il donna la mesure de l’orgueil royal dans son complet épanouissement : « J’ai failli attendre. »

Il donna l’exemple des ronflantes paroles poli-