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matinale. À droite du passage, Sainte-Maxime, petit port blanc, se mire dans l’eau, où le reflet des maisons les reproduit, la tête en bas, aussi nettes que sur la berge. En face, Saint-Tropez apparaît, protégé par un vieux fort.

À onze heures, le Bel-Ami s’amarre au quai, à côté du petit vapeur qui fait le service de Saint-Raphaël. Seul, en effet, avec une vieille diligence qui porte les lettres et part la nuit par l’unique route qui traverse ces monts, le Lion-de-Mer, ancien yacht de plaisance, met les habitants de ce petit port isolé en communication avec le reste du monde.

C’est là une de ces charmantes et simples filles de la mer, une de ces bonnes petites villes modestes, poussées dans l’eau comme un coquillage, nourries de poissons et d’air marin et qui produisent des matelots. Sur le port se dresse en bronze la statue du bailli de Suffren.

On y sent la pêche et le goudron qui flambe, la saumure et la coque des barques. On y voit, sur les pavés des rues, briller comme des perles,