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montagnes voisines ; il s’enfonce tournant toujours, gardant toujours un air de lac paisible, sans jamais laisser voir ou deviner qu’il continue sa route à travers ce calme pays désert et superbe.

Autant que dans ces plaines basses du Nord, où les sources suintent sous les pieds, coulent et vivifient la terre comme du sang, le sang clair et glacé du sol, on retrouve ici la sensation bizarre de vie abondante qui flotte sur les pays humides.

Des oiseaux aux grands pieds pendants s’élancent des roseaux, allongent sur le ciel leur bec pointu ; d’autres, larges et lourds, passent d’une berge à l’autre d’un vol pesant ; d’autres encore, plus petits et rapides, fuient au ras du fleuve, lancés comme une pierre qui fait des ricochets. Les tourterelles, innombrables, roucoulent dans les cimes ou tournoient, vont d’un arbre à l’autre, semblent échanger des visites d’amour. On sent que partout autour de cette eau profonde, dans toute cette plaine jusqu’au pied des montagnes, il