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vent malhabiles à écrire en prose, à saisir le rythme fuyant de la phrase, à trouver ce tour vif, nerveux, changeant qui est la qualité première des vrais prosateurs. Ils ont en général une propension à l’emphase et à la période. Victor Hugo, ce maître des poètes, n’échappe point à cette tendance et un écrivain disait de lui : « Sa prose me fait l’effet d’un beau cavalier démonté ; il est grand et superbe, mais il marche mal ; on sent qu’il lui faut une selle entre les jambes ».

Voici pourtant un poète qui vient de publier en prose une des meilleures œuvres qu’il ait produites. Le livre s’appelle Les Monstres parisiens, et l’auteur Catulle Mendès.

Ce livre, que connaissent déjà les lecteurs de Gil Blas, est l’histoire des plus monstrueuses dépravations de notre époque. Étrange et vrai, saisissant, charmeur, brutal dans le fond, mais si habile, si voilé, si rusé, qu’il trompe les pudeurs et ne fait rougir qu’après coup, ce magasin de portraits est une œuvre d’art exquise et singulière.

Et elle porte bien la marque per-