Page:Maupassant - Pierre et Jean, Ollendorff, 1888.djvu/226

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mouvements, comprenant confusément, avec son instinct de mère, qu’ils ne causaient point comme tous les jours. Elle les vit se pencher côte à côte quand ils se regardaient dans l’eau, demeurer debout face à face quand ils interrogeaient leurs cœurs, puis grimper et s’asseoir sur le rocher pour s’engager l’un envers l’autre.

Leurs silhouettes se détachaient bien nettes, semblaient seules au milieu de l’horizon, prenaient dans ce large espace de ciel, de mer, de falaises, quelque chose de grand et de symbolique.

Pierre aussi les regardait, et un rire sec sortit brusquement de ses lèvres.

Sans se tourner vers lui, Mme Roland lui dit :

— Qu’est-ce que tu as donc ?

Il ricanait toujours :

— Je m’instruis. J’apprends comment on se prépare à être cocu.

Elle eut un sursaut de colère, de révolte, choquée du mot, exaspérée de ce qu’elle croyait comprendre.