Page:Maupassant - Mont-Oriol, éd. Conard, 1910.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle hésita quelques secondes, puis soudain elle pénétra son intention tout entière, et avec un élan de franchise indignée :

— Oh ! mon chéri… peux-tu… peux-tu penser ?… Oh ! Je suis à toi… entends-tu ?… rien qu’à toi… puisque je t’aime… Oh ! Paul…

Il laissa retomber sa tête sur les genoux de la jeune femme, et d’une voix très douce :

— Mais !… enfin… ma petite Liane… puisque c’est ton mari… Comment feras-tu ?… Y as-tu songé ?… Dis ?… Comment feras-tu ce soir… ou demain… Car tu ne peux pas… toujours, toujours lui dire : « Non… »

Elle murmura, très bas aussi :

— Je lui ai fait croire que j’étais enceinte, et… et ça lui suffit ! Oh ! il n’y tient guère… va… Ne parlons pas de ces choses-là, mon chéri, tu ne sais pas comme ça me froisse, comme ça me blesse. Fie-toi à moi, puisque je t’aime…

Il ne remua plus, respirant et baisant sa robe, tandis qu’elle lui caressait le visage de ses doigts amoureux et légers.

Mais soudain :

— Il faut revenir, dit-elle, car on s’apercevrait que nous sommes absents tous les deux.

Ils s’embrassèrent longuement en s’étrei-