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Les actionnaires répondirent en chœur :

— Non, aucune.

Trois des figurants applaudirent.

Le père Oriol, ému, flatté, conquis, pris par son orgueil intime de paysan parvenu, souriait en tournant son chapeau dans ses mains, et il faisait « oui » de la tête, malgré lui, un « oui » qui révélait sa joie et qu’Andermatt observait sans paraître le regarder.

Colosse demeurait impassible, mais aussi content que son père.

Alors Andermatt dit au notaire :

— Veuillez lire l’acte pour la constitution de la Société, maître Alain.

Et il s’assit.

Le notaire dit à son clerc :

— Allez, Marinet.

Marinet, un pauvre être étique, toussota et, avec des intonations de prédicateur et des intentions déclamatoires, il commença à énumérer les statuts relatifs à la constitution d’une société anonyme, dite Société de l’Établissement thermal du Mont-Oriol, à Enval, au capital de deux millions.

Le père Oriol l’interrompit :

— Moment, moment, dit-il.

Et il tira de sa poche un cahier de papier graisseux, traîné depuis huit jours chez tous les notaires et tous les hommes d’affaires du