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— Ce sont des hommes très bien, des hommes de bourse, des capitalistes.

Et il ajouta, après un silence, avec un sourire plus marqué :

— Qui s’occupent de mes affaires.

Puis il se rendit chez le notaire pour relire les pièces dont il avait envoyé la rédaction toute prête quelques jours auparavant.

Il y trouva le docteur Latonne, avec qui d’ailleurs il avait échangé plusieurs lettres, et ils causèrent longtemps, à voix basse, dans un coin de l’étude, pendant que les plumes des clercs couraient sur le papier avec un petit bruit d’insectes.

Rendez-vous fut pris pour deux heures, afin de constituer la Société.

Le cabinet du notaire avait été préparé comme pour un concert. Deux rangs de chaises attendaient les actionnaires en face de la table où maître Alain devait s’asseoir à côté de son premier clerc. Maître Alain avait passé son habit, vu l’importance de l’affaire. C’était un tout petit homme, une boule de chair blanche, qui bredouillait.

Andermatt entra comme deux heures sonnaient, accompagné du marquis, de son beau-frère et de Brétigny, et suivi des sept messieurs que Gontran appelait des figurants. Il avait l’air d’un général. Le père Oriol appa-